La découverte du Bleu de Prusse

Johann Jacob Diesbach

Tout commence au début des années 1700, Johann Jacob Diesbach (v.1670-1748) issu d'une famille noble, arriva à Berlin en Allemagne en 1701, il y travailla comme fabricant de peinture. Dans un laboratoire, il produisait des pigments et colorants à partir d'insectes notamment. En 1706, il découvrit par inadvertance du bleu alors qu'il tentait de fabriquer de la laque rouge de Florence dans le laboratoire du théologien, alchimiste et médecin, Johann Conrad Dippel (1673-1734). Par ailleurs, le laboratoire avait été mis à disposition par le comte Auguste de Sayn-Wittgenstein (1663-1735), ministre du roi Frédéric Ier, époque où la Prusse est élevée au rang de Royaume.

Johann Jacob Diesbach

Laque florentine

Pour obtenir de la laque rouge florentine, Johann Diesbach fabriquait un pigment à partir d'insectes, des cochenilles mexicaines. Les femelles fécondées de la cochenille (Dactylopius coccus) sont séchées et broyées, et le pigment acide carminique est extrait à l'eau chaude. Il assemblait cet extrait d'insectes broyés, avec du sulfate de fer et de la potasse (carbonate de potassium) pour parfaire sa laque rouge.

Cochenilles sur figues de Barbarie Source : Frank Vincentz Wikimedia Commons

Une heureuse erreur

Un lot de sa fabrication de laque rouge carmin est devenu inhabituellement rose pâle. En essayant de concentrer ce mélange, la couleur a viré en violet puis en bleu foncé. Avec Johann Conrad Dippel, ils ont effectués des recherches pour trouver l'erreur, ils ont compris que la réaction s'était produite parce que la potasse avait été contaminée par de l'huile d'os. Avec cette découverte, le premier pigment synthétique était créé, il s'agissait d'une invention moderne importante. A l'époque, les pigments bleus se faisaient rares car ils n'étaient pas efficaces ou trop coûteux. L'analyse de cette erreur leur a permis de mettre au point un procédé de production stable pour le pigment bleu qu'ils ont gardé secret.

Bleu de Prusse

Succès du bleu de Prusse

Ce nouveau pigment bleu devient populaire auprès des peintres de Berlin, il est vendu sous le nom d'outremer de Prusse ou Bleu de Berlin. Auparavant, il n'existait qu'un seul pigment bleu nommé bleu d'outremer. Créé dans le milieu du XIXème siècle, il était vendu très cher car il était obtenu à partir de pierres précieuses de Lapiz-Lazuli broyées avec un procédé complexe mêlant du silicate d'aluminium et du soufre.

Le nom Bleu de Prusse a pris son appellation lors d'échanges de lettres en 1709. A ce même moment, le nouveau pigment est envoyé aux peintres d'Europe : Paris, Leipzig, Bâle, Italie...

La recette du bleu de Prusse a été rendue public en 1724 par le médecin naturaliste britannique John Woodward qui a cherché la formule du bleu de Prusse parmi tant d'autres et a reçu une lettre d'Allemagne avec des informations lui permettant de révéler le secret de la formule.

De part son exportation, de nombreuses appellations sont venus s'ajouter au célèbre Bleu de Prusse, Bleu de Milori (entreprise qui en fabriquait), Bleu de Paris, Bleu de Fer, Bleu de Berlin...

La grande vague de Kanagawa, Hokusai, 1830-1831

Hokusai, un artiste qui utilise ce bleu

Katsushika Hokusai (1760-1849), peintre, dessinateur et graveur japonais, connu pour ses célèbres œuvres de vagues, a contribué à populariser ce bleu de Prusse avec sa série de "36 vues du Mont Fuji" dans laquelle il l'utilise. D'ailleurs, "La grande vague de Kanagawa" (1830) est la première de la série.

Sources : wikipédia, www.chemistryviews.org